Depuis des années, les arboriculteurs bio plantant un nouveau verger étaient dispensés d’acheter des plants fruitiers certifiés par une dérogation systématique, l’offre en plants étant beaucoup trop limitée à ce jour (on recense environ 20 pépiniéristes proposant des plants bio en quantités limitées). Cette situation règlementaire devrait évoluer dans les prochaines années, car l’Europe veut mettre fin à cette exemption, d’autres pays ayant déjà passé le cap (Hollande notamment).
L’idée à terme est de se rapprocher de ce qui est déjà pratiqué sur les cultures annuelles : les producteurs vérifient la disponibilité en semences biologiques sur le site semences-biologiques.org et ne peuvent bénéficier d’une dérogation qu’en cas d’un manquement de l’offre.
Il en sera de même d’ici 2035 pour les espèces fruitières.
À partir de 2021, ces espèces (ainsi que la vigne ou les petits fruits) seront ajoutées à la base de données semences-biologiques.org, afin de connaître l’état de la disponibilité et des demandes. La dérogation restera possible de 2021 à 2035… mais plus après. Pour ajuster offre et demande, il sera demandé aux arboriculteurs ayant le projet de (re)planter de faire une demande 18 mois à l’avance (éventuellement 6 pour les Prunus).
La filière doit donc s’organiser d’ici là, ce qui n’est pas sans poser de questions techniques ou économiques aux pépiniéristes…
C’est dans ce contexte qu’une journée a été proposée aux pépiniéristes fruitiers le 27 juin dernier à Mondragon, pour favoriser les échanges, les occasions de rencontres étant trop rares. 12 pépiniéristes de toute la France étaient réunis, allant du tout petit au moyen (de 1000 à 1 million de plants/an). Des tailles d’entreprises qui entraînent des contraintes et des problématiques assez différentes.
La journée a permis de partager les infos règlementaires de l’INAO. François Warlop, membre du GRAB a présenté des travaux anciens réalisés sur la pépinière biologique, et Benoît Escande a partagé son expérience passée de production de plants bio de Juliet.
Une visite de la pépinière PMP l’après-midi (photo) a aussi permis aux petits pépiniéristes de mieux connaître les pratiques d’une pépinière moyenne, produisant des scions et PG par marcottières.
Les freins techniques pour produire des plants bio sont multiples, et classés par ordre de priorité :
- disponibilité en foncier pour renouveler les parcelles (important problème de fatigue des sols),
- gestion de l’enherbement en AB,
- protection phytosanitaire (pucerons, virus…),
- (le contrôle sanitaire ne sera en outre plus assuré par le SRAL dorénavant, ni par le CTIFL. Un système d’auto-contrôle et de justificatifs est en cours de proposition, ce qui interroge également les pépiniéristes),
- disponibilité des porte-greffe bio,
- élevage des plants sur 2 saisons minimum, certains scions étant produits plus rapidement.
Cette nouvelle donne devrait considérablement augmenter le prix d’un plant fruitier. Le différentiel pour un gros pépiniériste est estimé à 30-50%. Les petits faiseurs proposent plutôt des plants autour de 15€, surtout au marché amateur.
Ce contexte évolutif, même si l’échéance de 2035 n’est pas immédiate, doit être communiqué à l’ensemble de la filière, afin qu’elle prenne la mesure des adaptations à mettre en place. L’INAO devrait produire un communiqué dans la presse spécialisée.
Afin de mieux répondre aux problèmes posés, un programme d’animation et d’expérimentation devrait être développé, associant les organisations concernées, mais le budget reste à débloquer…
Affaire à suivre, qui s’annonce compliquée…
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